BERGERS
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“Bergers”, de Sophie Deraspe : trouver le bonheur dans les pâturages ? Pas si facile…
Un jeune Québécois, idéaliste sur le métier de berger, débarque en Provence pour entrer en apprentissage. Un conte des temps modernes autour d’un attachant couple de néo-ruraux.
Dans notre monde sens dessus dessous, menacé par les crises multiples (écologique, économique, politique), le berger est une valeur refuge. Qui a drôlement la cote en ce moment. Résistant au capitalisme, sans dieu ni maître, ni wi-fi, simplement connecté à la nature, sa faune et sa flore, il force le respect. Après le maquisard corse (Le Mohican, de Frédéric Farrucci) et la rebelle sarde (Anna, de Marco Amenta), tous deux en lutte contre la spéculation immobilière cet hiver et avant, dans un registre plus cafardeux, le patibulaire pâtre irlandais (Le Clan des bêtes, de Christopher Andrews, en salles le 23 avril), une nouvelle fiction, québécoise cette fois, rend hommage à ce héros des temps modernes.
Fraîchement débarqué à Arles la besace pleine d’idées romantiques sur le métier de berger, Mathyas, jeune publicitaire de Montréal en burn-out, commence son apprentissage à la dure. Une première expérience auprès d’un couple d’éleveurs au bord de la retraite et de la précarité fait vite déchanter le novice, interprété avec la candeur adéquate par l’inconnu Félix-Antoine Duval. Puis c’est la rencontre avec Élise (la trop rare et toujours ardente Solène Rigot), qui abandonne son poste de fonctionnaire pour le suivre dans la transhumance.
Avec ce couple de candides téléporté au milieu des montagnes hostiles (l’orage et le loup en embuscade), le film a un petit côté « Martine à l’estive » qui peut prêter à sourire. Mais au fil du récit, les clichés s’estompent pour ne rien cacher de l’âpreté du pastoralisme. En particulier la misère sexuelle des bergers et des bergères, sujet hautement tabou dont la réalisatrice s’empare à bras-le-corps.
Telerama