BLUE SUN PALACE
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“Blue Sun Palace”, de Constance Tsang : une ode sensuelle à la vie
Un drame bouleverse l’intimité d’un salon de massage chinois à New York. Une chronique douce-amère sur le deuil et la renaissance, ou l’art de reprendre goût aux plaisirs simples.
ous voici à Flushing, dans le quartier du Queens de New York, dont on a un juste un aperçu, à travers les bruits de la circulation, quelques panneaux de signalisation. En vérité, on reste surtout à l’intérieur, comme dans un cocon. C’est un salon de massage chinois, en contrebas de la rue, qui, c’est précisé sur la porte d’entrée, ne propose « aucun service sexuel ». Plusieurs jeunes femmes d’origine chinoise y travaillent et y logent, formant une petite communauté joyeuse. Parmi elles, Didi et Amy sont très proches. Elles ont le projet de partir, peut-être d’ouvrir un restaurant sur une ville de la côte. Didi en parle à son amant, le doux et réservé Cheung (Lee Kang Sheng, acteur rare, fétiche du grand cinéaste taïwanais Tsai-Ming-liang). Celui-ci semble partant pour l’accompagner…
Un drame, au mitan du film, va modifier la perspective de l’histoire. Constance Tsang, la réalisatrice sino-américaine, a confié s’être inspirée de la perte prématurée de son père – elle avait alors 16 ans –, pour écrire ce premier long métrage sur le deuil, les tournants de la vie, le déménagement. Blue Sun Palace est un film à la fois distant et délicat, qui évite toute mièvrerie. Qui laisse advenir les événements, à travers des plans-séquences finement composés. Une sensation enveloppante de flottement et une chaleur humaine tempèrent le fond de mélancolie.
À l’image de Lee Kang Sheng, qu’on est heureux de revoir ici, un tempo particulier s’installe. Une lenteur qui n’est pas lente, si l’on ose dire, et qui favorise la respiration, combine l’indolence et l’allant, le vide et le plein. Ce n’est sans doute pas un hasard si les massages prodigués à l’image, comme les scènes de restaurant, comptent autant. Le plaisir tactile et le plaisir de manger se rejoignent. C’est en se tournant ainsi du côté de la vie que le film séduit.
Telerama
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