IL ETAIT UNE FOIS MICHEL LEGRAND
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Disparu il y a cinq ans déjà, Michel Legrand a collaboré avec les grandes légendes du jazz et de la chanson, avant de composer pour le cinéma la musique de plus de 200 films. En salles ce mercredi, un documentaire de David Hertzog Dessites retrace la carrière de ce musicien surdoué.
« J’avais très envie de mettre Michel Legrand sur grand écran, nous raconte David Hertzog Dessites, le réalisateur du documentaire Il était une fois Michel Legrand, qui a suivi avec sa caméra le compositeur pendant ses deux dernières années. La rencontre s’est faite en mai 2017 au Festival de Cannes, il donnait un concert privé sur une terrasse du Palais des Festivals. Je l’ai abordé, avec beaucoup d’amour parce que je suis amoureux de sa musique depuis ma naissance, et ensuite j’ai appris à connaître l’homme qu’il était. Mais je n’avais pas prévu de tourner des images jusqu’à la fin de sa vie. Quand on a démarré le tournage, tout allait bien. Il est tombé malade début 2018. Et donc forcément, le film a pris une autre tournure. Mais il y a quelque part une beauté, je trouve, à avoir pu capter les derniers instants de création de cet artiste, de cet homme. »
Musicien hors normes, génial touche à tout, Michel Legrand nous a quittés en janvier 2019. Avec trois Oscars, des bandes originales par centaines, du jazz avec les plus grands, de la chanson, de la variété et de la musique classique, on peut dire qu’il a laissé un héritage colossal. Comment faire le tri pour résumer une telle carrière en seulement 1h45 ? « Son œuvre est tellement dense, tellement grande qu’il a fallu, malheureusement, faire des choix, nous répond David Hertzog Dessites. Stéphane Lerouge, qui était son biographe et son ami, nous a beaucoup aidés. On a aussi travaillé avec ses musiciens. Donc en mettant toutes ces forces à l’oeuvre, on a réussi à faire des choix. Mais on aurait aimé avoir 6 ou 7 heures pour pouvoir parler de l’œuvre de Michel. »
Dans l’une des archives sélectionnées par David Hertzog Dessites pour son documentaire, on entend Michel Legrand affirmer : « La postérité ? Je m’en tamponne. » Etait-ce vraiment le cas ? « Michel était quelqu’un de très contradictoire. qui aimait bien dire une chose et son contraire juste après. Je pense sincèrement que ce film est arrivé à un moment où il avait peut-être besoin, où il avait senti le besoin de laisser quelque chose derrière lui avant de nous quitter. Vous savez, parfois la vie vous amène à rencontrer les gens au bon moment, au bon endroit. »
S’il met en lumière l’œuvre immense du compositeur, on découvre aussi des facettes plus sombres de l’homme qu’il était. On voit à l’écran son caractère compliqué, ses sautes d’humeur, on le voit houspiller brutalement ses collaborateurs… On voit même Claude Lelouch déclarer : « des fois, j’aurais pu lui casser la gueule. » David Hertzog justifie ce choix : « Je ne voulais pas faire un film hagiographique, un film de fan, je voulais que ce soit un véritable regard, un regard de cinéaste sur l’homme complexe qu’il était, et puis permettre aussi au public, au spectateur de le connaître mieux, de connaître vraiment sa personnalité. »
France Musique