JEUNES MERES

De Jean-Pierre et Luc Dardenne
Réalisation : Jean-Pierre et Luc Dardenne
Avec : Babette Verbeek, Elsa Houben, Janaina Halloy Fokan, Lucie Laruelle, Samia Hilmi

Durée : 1h 45min
Genre : Drame
Pays : BE, FR



Synopsis
Jessica, Perla, Julie, Ariane et Naïma sont hébergées dans une maison maternelle qui les aide dans leur vie de jeune mère. Cinq adolescentes qui ont l’espoir de parvenir à une vie meilleure pour elles-mêmes et pour leur enfant.

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« Jeunes mères » : les frères Dardenne signent leur première chronique sociale plurielle et lumineuse

Cette fois, pas de sommation-couperet, de dette à rembourser ni de solution miracle à trouver dans l’heure sous peine d’y laisser sa dignité ou sa vie. Si Perla, Jessica, Julie ou Ariane partagent avec les précédentes figures des Dardenne les vicissitudes des déclassés, elles échappent à l’urgence qui pousse habituellement leurs héros dans le champ du thriller. Ce n’est pas le moindre des changements opérés par les frères belges dans « Jeunes mères », premier film à diffracter aussi ouvertement leur regard, eux, les adeptes rigoureux du point de vue unique.

Il faut un certain temps pour s’accoutumer à ce nouveau rythme, plus relâché, à cette nouvelle configuration, plurielle par nature, où le destin cabossé d’une fille-mère, échouée dans un refuge social de Liège, est tressé, par le hasard des circonstances, à ceux de ses camarades d’infortune. Il y a, dans ce déploiement de répétitions et d’échos, une manière de sororité inconsciente qui se diffuse dans l’atmosphère, en dépit des disparités de caractère de chacune, des racines diverses de leur désir précoce de maternité, auscultées par les Dardenne avec une vigilance égale.

Jessica n’a pas encore accouché qu’elle entend nouer, de gré ou de force, un rapport affectif avec sa propre mère, qui l’a abandonnée à sa naissance. Julie, au contraire, aimerait couper le cordon avec sa génitrice envahissante, contre-modèle ou spectre toxique qu’il s’agit d’éloigner à tout prix de son nouveau-né. Perla ne peut s’envisager en mère responsable dans la seule perspective d’une vie de famille traditionnelle, quand bien même le père de sa fille y renâcle ouvertement. Quant à Ariane, ex-junkie sur le point de fonder les bases d’un foyer solide, elle craint à tout moment d’être rattrapée par ses vieux démons.

Tout l’enjeu de « Jeunes mères » consiste à trouver le moyen de lutter contre une hérédité malade et à se construire dans la fuite ; numéro d’équilibriste périlleux mais pas impossible, qui confère à l’ensemble son lot de tension nerveuse, sans jamais le priver d’un possible horizon heureux – rares sont les films des Dardenne comme celui-ci où l’on est invité à verser une larme de bonheur.

Le Nouvel Obs