LA PAMPA
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Festival de Cannes 2024 : avec « La Pampa », Antoine Chevrollier explore la course effrénée au temps de l’adolescence
Présenté dans la sélection de la Semaine de la critique, le premier long-métrage du réalisateur français Antoine Chevrollier a bouleversé le public de Cannes. « La Pampa » tient les spectateurs en haleine grâce à une très belle réalisation portée par une formidable équipe de comédiens, notamment les deux jeunes acteurs, époustouflants de vérité.
Il y a des films qui vous touchent en plein cœur. C’est le cas de La Pampa, le premier long-métrage réalisé par Antoine Chevrollier. Après avoir été aux manettes de plusieurs séries (Le Bureau des légendes, Oussekine ou Baron noir), il signe ici un film personnel, puissant et magnifiquement interprété par des comédiens très engagés. Le film a été projeté lundi 20 mai dans le cadre de la Semaine de la critique.
La salle vient à peine de s’éteindre que des voix envahissent l’écran noir. Des jeunes garçons s’invectivent, se lancent des défis, se chambrent gentiment, font vrombir les moteurs. Puis la lumière inonde. « Vas-y Jojo, on a qu’une vie ! », lance un adolescent. Tee-shirt jaune, cheveux blonds peroxydés, le Jojo en question n’a peur de rien. Il enfourche sa moto et fonce à tombeau ouvert contre l’avis de Willy, son meilleur ami. Objet du challenge : griller le stop qui croise une route départementale très passante.
Le ton est donné. Tout le film d’Antoine Chevrollier, emprunte des destins qui se croisent dans un village du Maine-et-Loire. Il y a donc ce fameux Jojo (un premier rôle porté avec brio par Amaury Foucher) et puis, il y a Willy (Sayyid el Alami découvert dans la série Oussekine).
Le premier prépare sous la coupe de son père (Damien Bonnard) et de son entraîneur (Artus à contre-emploi) le championnat de France de motocross sur le terrain du village : La Pampa. Le second révise mollement le bac. Si l’un est solaire et fonceur, le second, marqué par le décès de son père, est plus sombre et réservé. Mais ces deux-là sont unis par l’enfance. Une amitié inébranlable, même le jour où Willy découvre le secret de Jojo. Un secret qui va pourtant éclater sur la place publique et faire tout basculer.
Dans cette petite bourgade typiquement française, tous les gens se côtoient, tous les pavillons se ressemblent, toutes les classes sociales sont représentées. Si le récit d’Antoine Chevrollier suit le parcours de ces deux jeunes garçons, il ne minore pas la place des autres personnages.
Il y a la mère de Willy qui se démène avec ses deux enfants, passe du temps avec les personnes âgées, et puis il y a Marina. Une jeune étudiante aux Beaux-arts (Léonie Dahan Lamort) de passage chez son père, mais qui n’a qu’une envie : s’échapper de ce décor « resté bloqué dans les années 1950 avec des rumeurs, les réputations, il faut s’ouvrir l’esprit », lance-t-elle aux garçons qui l’interrogent sur sa liberté sexuelle. Une réflexion anodine qui s’inscrit comme le point de rupture du scénario. Car dans ce monde dans lequel la virilité, le patriarcat et les schémas conventionnels sont de mise, l’homosexualité est encore taboue.
Film généreux
C’est dans son village d’enfance, à Longué-Jumelles dans le Maine-et-Loire, qu’Antoine Chevrollier a choisi de camper l’intrigue de son premier film. « Je me suis rappelé cet endroit enfoui dans ma mémoire, c’était un assemblage de sensations, de bruits, de grouillements sonores et visuels. J’ai alors imaginé un récit qui pouvait naître de ce lieu si particulier, une sorte d’arène du moto-cross », raconte-t-il.
Pour autant, La Pampa n’est pas un film autobiographique, mais d’avantage un récit de vie proche de la réalité. « À l’origine, même si aujourd’hui les choses ont changé, La Pampa est un film que je voulais dédier aux gens de mon enfance, de mon adolescence et que je voulais généreux. La générosité est parfois taxée de mauvais goût. Moi, je pense qu’on peut nouer les choses », confie le réalisateur.
La magie de La Pampa réside aussi dans les séquences qui alternent les silences et les moments d’intense dramaturgie. Grâce à de longs travellings sur la Loire, sur la campagne, à travers une vitre de train ou dans la frénésie du terrain de motocross, Antoine Chevrollier nous fait vivre des émotions très fortes. Tourner sur ses terres dans la douceur angevine s’avère une merveilleuse idée cinématographique.
France Info Culture