LE FIL
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Un avocat chevronné, un accusé innocent… ou pas. Réponse au procès. Acteur et réalisateur, Daniel Auteuil signe son meilleur film, adapté d’une histoire vraie et surprenant jusqu’au bout.
Après un détour par la chanson, voici Daniel Auteuil de retour derrière (et devant) la caméra. Ses précédents films avaient peu convaincu – même si l’on peut avoir un faible pour ses deux « pagnolades » surannées, Marius et Fanny, mélos masos et étranges, qui furent de lourds échecs commerciaux.
Classique film de procès, à l’ancienne, bien tenu, Le Fil est assurément son meilleur. Maître Jean Monier (Daniel Auteuil), avocat lové dans un certain confort et qui ne travaille plus depuis une quinzaine d’années pour le pénal à la suite d’une affaire malheureuse, décide de rempiler après sa rencontre avec un père de famille accusé du meurtre de son épouse alcoolique. Touché par cet homme, convaincu de son innocence et de la fragilité du dossier d’instruction, l’avocat sort de sa tanière et se réinvestit totalement dans le travail pour faire acquitter son client.
L’intrigue repose sur un fait divers relaté par l’avocat pénaliste Jean-Yves Moyart, alias Maître Mô, dans un ouvrage compilant des récits insolites de la justice ordinaire. Auteuil en tire une histoire intense, solide, qui s’appuie sur une rigoureuse direction d’acteurs. Lui-même se montre sobre dans son interprétation d’un combat obsessionnel, tandis que Grégory Gadebois compose un innocent idéal, colosse débonnaire mais imprévisible, gaffeur, à même d’entraver son avocat. Rondement mené, le film se partage entre le temps de l’enquête et les audiences au tribunal, en distillant une tension sourde, comme si une malédiction planait. Confirmée par un rebondissement final à double détente, inattendu, tortueux et déroutant.
Telerama