LE JOUEUR DE GO
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« Le Joueur de go », grand film japonais de samouraï dans les règles de l’art
Réalisateur de cinq films et d’une série, Kazuya Shiraishi voit avec Le Joueur de go son premier opus distribué en salles en France. Situé au Japon, en amont de l’ère Edo (1603-1867), son film répond aux arcanes de cette veine locale dans une histoire héroïque et de vengeance au héros solitaire, où priment l’honneur et la dextérité au maniement du sabre, mais surtout au jeu de go.
Samouraï sur le retour, Yanagida est hanté par son passé et la perte de son épouse qui s’est suicidée. Modeste, il a fait sa vie dans la capitale Edo avec sa fille, et inspire le plus grand respect pour sa grande dextérité au maniement du sabre et son acuité au jeu de go dont il fréquente avec assiduité les salons. Suite à une calomnie, il doit en trouver les inspirateurs pour se laver de ces fausses accusations.
À la réalisation, Kazuya Shiraishi prend le temps d’une narration où prime son personnage central sur l’intrigue. Yanagida n’a pas la fougue des jeunes samouraïs, mais son expérience et sa loyauté le précèdent. L’on pourrait presque parler de film de samouraï psychologique, un seul et magnifique combat intervenant tardivement. Le film privilégie l’introspection de l’univers d’Edo, et des figures pittoresques et conflictuels qui l’habitent.
Sobriété somptueuse
Cette priorité est un vrai régal, tant la reconstitution est précise dans des plans, parfois sous la pluie, d’une beauté à couper le souffle, composés avec une exigence et précision constante. Yanagida, qu’interprète Tsuyoshi Kusanagi avec la dignité qui habite son personnage, reste un samouraï errant, avancé en âge pour cette fonction, hanté par un passé qu’il ne cesse de vivre, tout en accompagnant sa fille pour l’élever dans la hiérarchie très prégnante de la société japonaise et des habitants d’Edo.
Cette priorité donnée aux personnages, ne néglige pas pour autant une intrigue et un univers qui tournent autour du jeu go, dont le filmage des parties s’avère des plus cinématographiques et un véritable enjeu dramatique qui dynamise le récit. Même si l’on n’en connaît pas les règles.
D’un visuel somptueux, mais sobre, tenu par une dramaturgie quasi shakespearienne, Le Joueur de go interpelle par son univers autant que son intrigue portée par des personnages envoûtants, au carrefour du polar et d’un portrait psychologique, projetés dans un exotisme fascinant.
France Info Culture