LE VILLAGE AUX PORTES DU PARADIS
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Le Village aux portes du paradis”, une ode à l’amour et au courage.
En Somalie, un fossoyeur use de toutes les ruses pour préserver la joie et l’insouciance de son jeune fils. Premier long métrage lumineux de Mo Harawe, qui offre un regard inédit sur son pays.
Avant même le générique, l’extrait d’un journal télévisé sur une attaque de drone américain visant un dignitaire d’al-Qaida en Somalie semble nous emmener vers un film documenté sur la guerre contre le terrorisme, à la manière de Zero Dark Thirty. Mauvaise piste… Le plan suivant met en scène un homme lors d’une pause cigarette, fatigué après avoir creusé une tombe dans le désert à l’aide d’une simple pioche. Cet homme, c’est Mamargade. Il est fossoyeur, et élève seul Cigaal, son adorable fils. Araweelo, la sœur de ce père célibataire, vit avec eux à la suite de son divorce, dans une maison faite de ciment et de tôle, dans un petit village balayé par les rafales de vent, à proximité de la mer. Malgré la menace permanente des drones, tous travaillent et aspirent à une vie meilleure. Mamargade cumule les boulots plus ou moins licites auprès de personnes plus ou moins recommandables, afin de pouvoir financer l’école et l’internat de son fils en ville, quand Araweelo rêve d’ouvrir un atelier de couture.
Après plusieurs courts métrages, le jeune réalisateur Mo Harawe, né en 1992 à Mogadiscio, réalise son premier long en tordant l’imaginaire de l’Occident sur ce pays de la Corne de l’Afrique épuisé par les famines et la guerre civile, dont il offre une vision cinématographique inédite.
Le réalisateur privilégie l’espoir et l’émancipation
Au cours d’une saison sèche, baignée de couleurs lumineuses, celles des vêtements ou des peintures usées sur les maisons, la vie du petit garçon paraît douce. Entre les plages paradisiaques, le bleu éclatant dominant le ciel, les moments de tendresse et de jeu avec son père, sous le regard bienveillant de sa tante, l’aide en cuisine et la préparation pour l’école, l’absence mystérieuse de la mère fait figure de tragédie lointaine, passablement consolée. Le danger, les menaces rôdent autour – à l’école, Cigaal apprend à s’allonger par terre, les mains sur la tête, pour se protéger d’une éventuelle attaque de drones –, mais Mamargade a érigé entre son fils et ce monde tumultueux un rempart fait de soins et d’amour.
Quand l’école locale ferme, faute de financements, Mamargade doit emmener le garçonnet partout avec lui. Même après une virée à la plage, quand il cherche du travail dans un hôpital, au moment où des blessés après un attentat-suicide arrivent en masse. En l’empêchant de voir, il laisse à l’enfant, un casque de carton sur la tête, la possibilité de l’innocence.
Par petites touches, le film, tourné en Somalie, évoque ainsi l’histoire douloureuse du pays : la forte menace islamiste, la corruption, les cuves toxiques échouées sur les plages, le trafic d’armes, les orphelins. Bien que présents, ces drames ne sont toutefois pas le sujet principal du Village aux portes du paradis. Mo Harawe privilégie l’espoir et l’émancipation. Sans mari, Araweelo, in fine la véritable héroïne du film, ne peut contracter de prêt à la banque. D’abord abattue, elle va trouver une alternative, main dans la main avec son neveu. Tous deux déterminés, malgré la difficulté d’avancer dans les rafales.
Telerama