LES BARBARES

De DELPY Julie
Réalisation : DELPY Julie
Avec : Sandrine Kiberlain, Laurent Lafitte, India Hair

Durée : 1h 43min
Genre : Comédie
Pays : FR



Synopsis
A Paimpont, l'harmonie règne : parmi les habitants, il y a Joëlle - l'institutrice donneuse de leçons, Anne - la propriétaire de la supérette portée sur l'apéro, Hervé - le plombier alsacien plus breton que les Bretons, ou encore Johnny - le garde-champêtre fan de… Johnny. Dans un grand élan de solidarité, ils acceptent avec enthousiasme de voter l'accueil de réfugiés ukrainiens. Sauf que les réfugiés qui débarquent ne sont pas ukrainiens… mais syriens ! Et certains, dans ce charmant petit village breton, ne voient pas l'arrivée de leurs nouveaux voisins d'un très bon œil. Alors, au bout du compte, c'est qui les barbares ?

Réservation : pour acheter votre place à l’avance, cliquez sur l’horaire de la séance

[tableau_seances_combine]

« Ils sont trop gentils, nos Syriens ? Ils voulaient des méchants arabes qui foutent la merde dans un village plein de Français bienveillants, c’est ça ? » L’agitation règne dans la paisible petite ville bretonne de Paimpont (1672 habitants) sous le regard des canards de l’étang de l’abbaye, dans Les Barbares [+], le nouveau film de la toujours frondeuse Julie Delpy (nominée à l’Oscar du meilleur scénario en 2005 et 2015 pour Before Sunset et Before Midnight [+]), projeté en première internationale dans la section Galas du 49e Festival de Toronto et qui sera lancé dans les salles françaises le 18 septembre par Le Pacte.

« On n’a pas voté pour ça – Les Ukrainiens sont très demandés sur le marché des réfugiés. » Le plombier Hervé (Laurent Lafitte), qualifié de « facho » par certains, n’est pas du tout satisfait par les explications du maire (Jean-Charles Clichet) à la nouvelle du changement de nationalité surprise des réfugiés que la municipalité a décidé d’accueillir. Pour l’institutrice pasionaria Joëlle (la réalisatrice elle-même) et son ami d’enfance Anne (Sandrine Kiberlain), épouse un brin alcoolique du gérant de la supérette locale (Mathieu Demy), c’est en revanche une vraie mission humanitaire que d’intégrer au mieux la famille syrienne des Fayad composée de l’architecte Marwan (Ziad Bakri), de sa femme graphiste Luna (Dalia Naous), de sa sœur médecin et désormais unijambiste Alma (Rita Hayek), de leur père Hassan (Fares Helou) et des deux enfants Dina et Waël.

La télé régionale est même là pour immortaliser en documentaire un événement qui va animer en profondeur la population, des plus jeunes aux plus anciens, de l’infirmière Géraldine (India Hair) au garde-champêtre Johnny (Marc Fraize), en passant par la propriétaire de la crêperie (Brigitte Rouän), le fermier bio (Albert Delpy), le couple de charcutiers et l’ensemble des habitants. Car tout le monde à son mot à dire sur les nouveaux venus, les rumeurs abondent (« terroristes ? « , « polygames ? « ils coupent les mains quand on regarde leurs filles », « le voile ? « , « ils ressemblent un peu à des Roms », etc.), et un tag est immédiatement peint sur la porte de leur maison d’accueil : « Dehors les Barbares. »

« Qu’est-ce que ça veut dire le racisme ? » À cette question d’actualité, Julie Delpy apporte avec beaucoup d’humour des réponses qui posent à plat toutes les facettes d’un sujet très sérieux (pour ne pas dire grave) sous la couverture d’un vaudeville villageois. Construit en cinq actes (« Bienvenue à Paimpont », « 1 euro et Dictature », « Chez nous », « Cassé » et « Alma et Alma »), le film navigue habilement entre ses nombreux personnages (tous très bien interprétés) et contrôle parfaitement sa dimension satirique aux frontières du réalisme, ce qui lui permet d’en dire beaucoup sur les drames de la bêtise humaine sans trop d’acidité. Souvent drôle, Les Barbares n’en reste pas moins, malgré son optimisme volontariste et engagé, un messager inquiétant de la petitesse de certains esprits qui confondent questions de principe et frustrations personnelles. Mais comme le personnage joué par la cinéaste, on ne peut qu’espérer, et tant mieux si c’est dans une relative bonne humeur, le succès du vivre ensemble et « que le monde soit meilleur ».

Cineuropa