SIMON DE LA MONTANA
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“Simón de la montaña” : un récit audacieux et troublant autour du handicap
Simón, 21 ans, a-t-il vraiment un “p’tit truc en plus” ou fait-il semblant ? Un film argentin étonnant, dérangeant aussi, Grand Prix de la Semaine de la critique 2024.

Il est perché, Simón, et pas seulement parce qu’on le découvre en excursion dans la cordillère des Andes avec ses camarades. La balade jette les jeunes gens en pleine tempête, aveuglés par le vent et le sable, étourdis par le bruit, levant leurs portables dans l’espoir de trouver du réseau au pied d’un Christ de pierre… Furieuse, cette scène de groupe se détache du panorama grandiose pour scruter des visages qui, tous, possèdent un « p’tit truc en plus », une singularité que l’Argentin Federico Luis capte en gros plans voraces.
Après cette fracassante ouverture, le retour en car (et au calme) gagne en légèreté avec un drôle de quatuor : Simón, le gaillard Pehuén, la dulcinée de ce dernier, Lucy, et leur copine trisomique Colo, qui fréquentent le même foyer pour jeunes adultes handicapés. À 21 ans, Simón, dont une cicatrice à la tête laisse imaginer un passé de grand traumatisé, s’y sent comme un poisson dans l’eau, ravi de partager les sorties à la piscine, les parties de cache-cache, les répétitions de Roméo et Juliette et les idylles secrètes au sein de l’institut… sans y être inscrit, ni posséder de certificat d’invalidité.
Récompensé, l’an dernier, par le Grand Prix de la Semaine de la critique à Cannes, ce premier long métrage semble une version réussie (car opaque, troublante) de l’inoffensif Un p’tit truc en plus, le divertissement d’Artus aux plus de dix millions de spectateurs. Deux propositions aux antipodes, certes, mais bâties sur un même jeu de dupes : un valide s’y fait passer pour un handicapé, dans un cas pour échapper à la police, dans l’autre pour fuir son mal de vivre et la tristesse, peut-être la violence, d’une famille « normale ». Dévoré par la performance volontariste de son protagoniste, incarné il est vrai par un acteur stupéfiant, Simón de la montaña va jusqu’au bout de sa vision provocatrice du handicap choisi, terre à la fois d’asile, d’amour et, surtout, de poésie. Un sonotone offert par Lucy procure ainsi un quasi-superpouvoir à l’antihéros, parfaitement entendant. Une idée formidable parmi d’autres.
Telerama