VALEUR SENTIMENTALE

De Joachim Trier
Coup de Cœur
Coup de Cœur AFCAE
Réalisation : Joachim Trier
Avec : Renate Reinsve, Inga Ibsdotter Lilleaas, Stellan Skarsgård

Durée : 2h 15min
Genre : Comédie, Drame
Pays : NO



Synopsis
A la mort de leur mère, Nora et Agnès voient leur père Gustav réapparaître dans leur vie. Réalisateur de films autrefois reconnu, il a écrit un scénario dont il voudrait que Nora, devenue comédienne, joue le rôle principal, mais cette dernière refuse catégoriquement. Lors d'une rétrospective qui lui est consacrée dans un festival français, Gustav rencontre une jeune star hollywoodienne qui, bouleversée par l’un de ses films, manifeste son désir de travailler avec lui. Il lui offre le rôle initialement écrit pour Nora, voyant là l’opportunité inespérée de relancer sa carrière. Le tournage en Norvège devient l’occasion pour Gustav d'affronter ses démons et lui donne une dernière chance de renouer avec ses filles.

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« Valeur sentimentale », Joachim Trier sonde les fissures d’une famille dans les murs de leur maison et obtient le Grand Prix.

Joachim Trier revient en compétition quatre ans après Julie (en 12 chapitres), qui avait valu à Renate Reinsve, le Prix d’interprétation féminine en 2021. La comédienne est à l’affiche de Valeur sentimentale, le nouveau film du réalisateur norvégien, présenté à Cannes jeudi 21 mai dans la soirée. Le film sortira dans les salles mercredi 20 août.

Le film s’ouvre sur la présentation, comme un être vivant, d’une belle maison typiquement norvégienne, en bois rouge, marquée par le temps. Elle observe ses habitants. Nora et Agnès, deux fillettes joyeuses, tentent de résister à l’ambiance lourde provoquée par les disputes des parents. Quand le père s’en va, l’atmosphère s’allège, mais laisse un énorme vide pour les deux sœurs.

Vingt ans plus tard, les filles ont grandi. Nora (Renate Reinsve) toujours célibataire, est devenue comédienne de théâtre. Agnès (Inga Josefine Ibsdotter Lilleaas) est historienne, mariée, elle a un enfant. Leur mère vient de mourir quand leur père, un grand metteur en scène de cinéma, fait un come-back à la maison après de longues années d’absence. Il demande à Nora de jouer le premier rôle dans son prochain film…

Dans les murs

Après avoir raconté les amours d’une trentenaire dans Julie (en douze chapitres), le réalisateur norvégien braque cette fois sa caméra sur la famille, et plus particulièrement sur les relations entre un père et ses filles. La figure du père défaillant, déjà esquissée dans son précédent film, est ici centrale.

Le réalisateur brosse le portrait d’un homme centré sur lui-même, obsédé par son art, méprisant, un brin misogyne, qui révèle au fil du récit ses fissures, aussi profondes que celles qui font s’affaisser depuis sa construction la vieille bâtisse familiale.

Maladie mentale, dépression, suicide hantent la maison, et pèsent sur ses habitants depuis trois générations. Il faudra du temps pour que Nora, celle qui porte les héritages tragiques de la famille, puisse faire un pas vers son père, grâce à la médiation de sa petite sœur.

Comme Sound of Falling, un autre film en compétition, la maison est ici l’œil qui observe les tragédies à l’œuvre pour les êtres qui s’y succèdent. Allégorie de l’inconscient, la maison garde enfermés dans ses murs les secrets et les drames, qui se transmettent de génération en génération. Le réalisateur offre également une réflexion sur l’art et sur le cinéma, et sur la dramaturgie, dans une mise en abyme de la scène.

Moins rythmé, moins léger que Julie (en 12 chapitres), Valeur sentimentale démontre une fois de plus la virtuosité du réalisateur norvégien à traduire à l’écran, dans une mise en scène limpide, la complexité des relations humaines.

France Info Culture