MEMOIRES D’UN ESCARGOT
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Un film d’animation où la pâte à modeler prend vie et se pare d’émotions…
Le film d’animation Mémoires d’un escargot d’Adam Elliot en stop-motion, destiné à un public adulte, est l’évocation douce-amère d’une femme solitaire, Grace Pudel, qui raconte sa vie à un modeste escargot du nom de Sylvia.
Le réalisateur Adam Elliot donne le ton :
« Dans tous mes films, les protagonistes sont des marginaux et mon thème central est la différence. J’aime raconter des histoires empreintes d’humour et de compassion. Ce sont des réflexions sur notre quotidien, ponctuées de moments de joie, mais aussi du désespoir qui accompagne les épreuves de la vie. »
Mémoires d’un escargot s’inspire de différentes sources allant des collectionneurs :
« Ma mère, quand elle était âgée, était une collectionneuse quasi compulsive et, il y a quelques années, je me suis lancé dans la mission ardue de me débarrasser de certaines de ses possessions. Je me suis alors demandé s’il s’agissait d’une simple collection ou d’une névrose. Était-elle collectionneuse ou avait-elle un vrai problème ? Est-ce que j’étais en train de la juger ou mon comportement était-il aussi répréhensible ? Ces questionnements ont fini par nourrir l’intrigue du film que je considère comme une analyse du caractère de ma mère, mais aussi du mien. »
… aux proches du réalisateur :
« À mesure qu’évoluait le scénario, j’ai été, au même moment, de plus en plus fasciné par une amie qui était aussi « collectionneuse » et qui était née avec un palais fendu. Elle avait brûlé la vie par les deux bouts, avait été prostituée, toxicomane, auteure de récits fantastiques, naturiste et créatrice de mode (dans le désordre !). Elle collectionne les animaux empaillés, les objets de brocante insolites et les amis… Néanmoins, elle a vécu une enfance traumatisante, subissant onze opérations de la lèvre qui l’ont défigurée et marquée psychologiquement. On s’est moqué d’elle à l’école, elle a appris à faire face et en grandissant, elle a su faire contre mauvaise fortune bon cœur. Ce film s’inspire de certains aspects de sa vie, mais aussi de celle de ma mère… et de la mienne.
Adam Elliot structure son écriture à travers ses personnages :
« J’adore affubler mes personnages de particularités et de petites manies et j’essaie de leur donner de l’épaisseur et une certaine excentricité. Je cherche à les rendre aussi empathiques, universels et réalistes que possible. Mes histoires sont des tranches de vie, des histoires de gens auxquels on peut s’identifier – des amis, des proches un rien excentriques, et toutes les personnes originales qu’on croise dans la rue. J’essaie de trouver l’équilibre entre humour et émotion, ombre et lumière, comique et tragique. »
Pour donner la parole à ses personnages, le choix des comédiens était primordial.
Adam Elliot :
« En matière d’animation, trouver la voix qui correspond parfaitement à un personnage peut se révéler très complexe. L’âge, le sexe ou l’expérience n’ont souvent aucune incidence sur cette adéquation entre voix et personnage.
Un jour, j’ai entendu Sarah Snook (Grace) en interview et j’ai eu comme un déclic. Elle avait tout ce que je recherchais : l’authenticité, l’humilité, la fragilité, la générosité et l’humour. Elle a une voix naturelle, humble et attachante. Elle n’a même pas eu besoin de prendre un accent. Il lui a suffi d’être elle-même et de se glisser dans la peau d’une collectionneuse solitaire et mélancolique.
Dans mes films, je fais souvent appel à un musicien ou à une personnalité qui n’est pas acteur. On a réussi à obtenir l’accord de Nick Cave qui est non seulement une légende australienne, mais aussi un céramiste qui utilise, lui aussi, de l’argile pour les objets qu’il fabrique.
Un autre matériau entre en compte dans un film d’animation :
« Pour ce film, je voulais que les matières et l’esthétique restent sobres et je me suis contenté d’utiliser quatre matériaux de base : l’argile, le fil de fer, le papier et la peinture… Il fallait que chaque objet, chaque accessoire ait l’air imparfait, asymétrique, comme s’il avait été confectionné à la va-vite ou par quelqu’un d’alcoolisé. Mes personnages ont des failles et je voulais donc que leur allure corresponde à mes dessins qui sont peu précis, naïfs et dynamiques. »
Adam Elliot de conclure : « Ces personnages ne sont sans doute que de petits morceaux d’argile, mais pour mon équipe et moi, ce sont des êtres de chair et de sang. »
Pour nous aussi !
France Inter – Valérie Guédot