CE N EST QU UN AU REVOIR
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Après des vacances chez des amis dans la Drôme, Guillaume Brac s’y est installé pour de bon avec femme et enfants, entre Die et Saillans, pour s’offrir à la fois un nouveau cadre de vie et un nouveau décor de cinéma. L’aparté biographique n’a rien d’anodin quand on connaît l’attention que le réalisateur de Tonnerre (tourné dans la commune homonyme bourguignonne) et d’Un monde sans femmes (tourné à Ault, en Picardie) attache aux lieux dans lesquels s’ancrent ses personnages. Le paysage fait partie intégrante de l’intrigue de ses films de fiction et, plus encore, de ses documentaires.
Sélectionné à l’Acid, Ce n’est qu’un au revoir est la seconde partie d’un diptyque documentaire sur les amitiés lycéennes, entamé en 2023 avec un moyen métrage toujours inédit en salles, Un pincement au cœur, tourné quant à lui du côté d’Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais). Les deux films dialoguent entre eux mais peuvent tout à fait se découvrir de façon autonome. Des sorties simultanées seraient néanmoins idéales pour jouer au jeu des sept différences ou étudier les relations Nord-Sud de la génération Z.
Méthode douce
Un pincement au cœur s’achevait par une magnifique chanson de Françoise Hardy, L’Amitié, dont les paroles résonnent avec les préoccupations des élèves de l’internat de la Cité scolaire du Diois, où Guillaume Brac a tourné Ce n’est qu’un au revoir : « Ils ont fait la saison des amitiés sincères / La plus belle saison des quatre de la Terre / Ils ont cette douceur des plus beaux paysages / Et la fidélité des oiseaux de passage / Dans leurs cœurs est gravée une infinie tendresse / Mais parfois dans leurs yeux se glisse la tristesse. »
Discussion en chambrée, baignade à la rivière, confidences en voix off pour les récits familiaux les plus bouleversants : le cinéaste, fidèle à sa méthode douce, observe et capte une jeunesse non pas en train de fuir mais de se recomposer. Bientôt le baccalauréat et la séparation avec les copains, le retour dans les familles, les études, synonyme de nouvelles amitiés. Certains envisagent l’avenir avec philosophie, d’autres craignent l’éloignement et l’évaporation des sentiments. La Drôme étant la traditionnelle terre d’accueil des jongleurs en sarouel, des esprits rebelles et des communautés réfractaires à l’autorité, les lycéens sont aussi filmés en free party ou face aux gendarmes dans une « zone à défendre ». Histoire de montrer que l’insouciance de la jeunesse est un mythe inventé par ceux qui refusent de l’écouter.
Telerama