LES ENFANTS ROUGES
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Les Enfants rouges” : en Tunisie, l’insouciance avant que la barbarie ne s’invite.
D’un événement tragique et sanglant qui frappa la Tunisie en 2015 (un jeune berger tunisien décapité par des djihadistes), Lotfi Achour tisse un film solaire, aux résonances mythologiques.

Il s’appelait Mabrouk Soltani et son nom frappe encore les mémoires en Tunisie, dix ans après sa mort. Le 13 novembre 2015, ce berger de 16 ans était décapité par des djihadistes dans des montagnes aux confins des régions de Kasserine et Sidi Bouzid. Le camarade qui l’accompagnait fut épargné, mais contraint d’apporter la tête de Mabrouk à la mère de celui-ci. En reconstituant ces événements à travers des personnages nommés Nizar et Achraf, le réalisateur Lotfi Achour nous fait partager la beauté solaire d’une journée que deux gamins emplissent de leur fusion avec la vie. Et donne au surgissement de la violence barbare le retentissement d’une secousse tellurique.
Élever l’histoire d’un jeune berger sacrifié jusqu’à une ampleur mythologique est la belle ambition des Enfants rouges — titre ensanglanté qui reprend une expression tunisienne faisant de « rouge » un synonyme de « courageux ». Les faits fournissent d’eux-mêmes une intensité tragique, qui est redoublée par la manière de filmer.
Venu du théâtre, Lotfi Achour a un sens impressionnant de l’espace et de sa dramatisation. Un paysage montagneux devient ici une scène, comme l’étendue déserte sur laquelle est construite la maison de la mère. La marche des proches pour aller chercher le corps prend un caractère sacré. Que renforce bientôt le grondement d’un orage de Jugement dernier. Ces effets solennels peuvent donner, parfois, l’envie d’un accès plus simple et plus réaliste aux personnages. Mais il s’agit aussi de conférer une grandeur à ces Tunisiens très pauvres dont le malheur n’a pas forcément de valeur aux yeux de tous. Ce geste de réparation s’appuie sur une noblesse esthétique qui se veut marquante, au risque d’être trop marquée. Il n’en reste pas moins d’une sincérité émouvante.
Telerama