RAPACES
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“Rapaces”, de Peter Dourountzis : angoisses et sueurs froides garanties
Alors que sa fille est en stage dans sa rédaction, un journaliste roublard de “Détective” enquête sur un sordide féminicide. Un thriller diablement efficace.
Samuel (Sami Bouajila), briscard du journalisme de faits divers, est fier de montrer les ficelles de son métier à Ava, sa fille, en stage dans son magazine. Quand le cadavre d’une jeune fille attaquée à l’acide est découvert dans le nord de la France, il commence par recueillir des infos à sa manière habituelle, roublarde et sans-gêne, mais ce féminicide le questionne particulièrement : il décide d’enquêter plus avant, à l’insu de sa rédaction, et son instinct ne le trompe pas…
Après l’impressionnant Vaurien (2020), son premier long métrage d’une dérangeante intelligence sur un violeur et tueur en série, Peter Dourountzis prouve qu’il est bien l’un des meilleurs réalisateurs actuels de thrillers, capable de mêler tension extrême et sujet de société. L’idée est formidable, en soi, de choisir pour héros non pas un détective privé mais un reporter de Détective, cet hebdomadaire d’investigation quasiment séculaire mais méprisé alors qu’il eut Simenon ou Joseph Kessel, entre autres, pour plumes. Si Samuel et ses collègues passent auprès des autres journalistes pour des vautours en quête de sordide, ils vont, comme ils disent, « là où la police n’ose pas mettre le nez ». Là où l’on trouve le pire, et où un fait divers peut devenir un précipité de la violence contemporaine et du masculinisme le plus abominable.
Le réalisateur déploie habilement sa chronique du collectif d’une petite rédaction (Jean-Pierre Darroussin, Valérie Donzelli, Stefan Crepon, tous parfaits) en quête de scoops, des bureaux de la direction de la police jusqu’au domicile glauque d’un « cannibale ». Puis il la resserre avec maestria sur un face-à-face de plus en plus implacable entre deux personnages, Samuel et sa fille — Bouajila, donc, très Al Pacino, et une Mallory Wanecque décidément talentueuse. Leur enquête commune fait naître une nouvelle complicité face au danger. Avec, en point d’orgue, des séquences d’angoisse dans un restaurant, puis de course-poursuite en voiture qui donneraient des sueurs froides à Alfred Hitchcock lui-même…
Telerama (par Guillemette Odicino)