TOP GUN
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Voilà neuf raisons plus ou moins objectives qui nous font aimer Top Gun. Et donc Tony Scott.
1) Parce que dans Top Gun, les avions volent vraiment.
Il fallait y penser : Tony Scott fut le premier à truffer de caméras des avions de chasse. Le défi technique était de taille. Le cinéaste le releva. Le montage stroboscopique cher à l’ancien publicitaire s’adapta parfaitement à la chorégraphie dingue du combat aérien à Mach 2. En comparaison, les plans de Nimitz, retour vers l’enfer de Don Taylor (1980) ressemblent à un reportage de France 3 Limousin sur la pêche au goujon.
Des avions pointus, des types en gros plan avec la tête à l’envers, du courage, de la solidarité, de la rage, les bruits assourdissants des tuyères des F-14 Tomcat en post-combustion qui irradiaient les tympans sur le pont d’un porte-avion : le spectacle était total.
2) Parce que Top Gun est l’ancêtre des « Dieux du Stade ».
L’ambiance ambigüe des vestiaires des pilotes… Les ralentis pendant le match de beach volley, quand Val Kilmer bande ses biceps pour la photo tandis que la sueur ruisselle sur les plaquettes de Tom Cruise… Top Gun a inventé le calendrier des « Dieux du Stade », sans calendrier, sans Dieu, sans stade, mais avec de sacrés bonshommes bien campés sur leurs cuisses musclées. Les pilotes de chasse de Top Gun sont les Spartacus modernes, la jupette en cuir en moins, le manche en plus.
3) Pour ses dialogues poilus.
Fait rarissime, les dialogues de Top Gun sont encore meilleurs en version française. C’est presque un gâchis de les écouter en VO. Preuve que tout le monde s’est dépassé pour ce film, y compris les traducteurs. A noter que la plupart des dialogues sont devenus tellement cultes qu’ils inondent les sites consacrés aux meilleurs répliques du cinéma.
Deux exemples entre cent :
– « Vous deux là, les zigotos, vous allez à Top Gun. Pendant cinq semaines vous allez vous mesurer aux meilleurs pilotes de chasse du monde. Vous étiez numéro deux, Cougar était numéro un. Cougar est dégagé, Cougar s’est crashé : c’est vous deux en numéro un. Mais je vous rappelle quand même une chose : foutez la merde rien que d’un poil, et je vous affecte sur un avion de fret pour nous ramener des crottes de chien made in Hong Kong ! »
Ou ce bref échange entre le méchant Slider et le gentil Goose :
– « Goose, tu sais que t’es le roi des cons, t’as brouté quelques fions pour t’intégrer.
– La liste est longue mais c’est du distingué.
– Ma bite aussi, coco. »
4) Pour Tom Cruise.
Sans le succès incroyable de Top Gun, Tom Cruise et ses 169 centimètres auraient-ils pu infiltrer Hollywood ? Probablement pas. Legend (1985) et Risky Business (1983) n’auraient pas suffi. Le cinéma d’action américain aurait dû tirer un trait sur sa plus grande petite star (et l’église de scientologie de son premier promoteur, certes). Sans Top Gun, Stanley Kubrick, Oliver Stone, Steven Spielberg, Martin Scorsese ou Brian de Palma auraient dû se passer du sourire de carnassier malin et de cette allure de vainqueur craquelé de fêlures qui fait le charme de Tom Cruise dans ses missions plus ou moins possibles.
5) Pour le reste du casting : Meg Ryan, Anthony Edwards et Val Kilmer…
Tony Scott a vraiment eu du pif. La plupart des acteurs qui ont joué dans Top Gun ont connu amour, gloire et beauté. Anthony Edwards qui se révèle dans le rôle de Goose, le meilleur ami de Maverick, jouera plus tard le fameux Dr Mark Green dans Urgences ; Val Kilmer se révèlera avec les Doors. Quant à Meg Ryan, la femme éplorée de Goose, elle explosera plus tard dans la scène orgasmique de Quand Harry rencontre Sally, qui constitua une prise de conscience pour bon nombre de garçons amateurs de Top Gun. Les femmes peuvent simuler comme les pilotes de Mig.
6) Pour Hot Shots
Sans Top Gun, pas de parodie hilarante comme Hot Shots, dans laquelle le pilote courageux mais instable Charlie Sheen croise dans une scène culte son propre père Martin Sheen en plein tournage d’Apocalypse Now. Une joie absurde que l’on doit, par ricochet, à Tony Scott.
7) Pour Take my breath away
Sans Top Gun, le titre chanté par le groupe Berlin n’aurait pas gagné un Oscar et un Golden Globe et ne serait pas entré au panthéon de la guimauve des années 1980 qu’on aime réécouter en cachette en faisant la vaisselle.
8) Parce que sans Top Gun, comment savoir que l’adaptation des Chevaliers du ciel est vraiment la pire daube de l’histoire du cinéma aérien ?
Pour preuve, après Top Gun, l’US Navy a dû faire face à une augmentation spectaculaire du nombre d’aspirants « pilotes de chasse ». Alors qu’après Les Chevaliers du ciel, les rares volontaires s’engageaient plutôt dans les sous-marins.
9) Parce que Top Gun est un film générationnel
Comme Ghostbusters, Flashdance ou Retour vers le Futur, Top Gun est un de ces films américains populaires qui collent parfaitement à une époque. En vieillissant, ils sont devenus des madeleines que la plupart des enfants ou des adolescents des années 1980 aimeront toujours, sans condition, parfois pour leurs défauts, parce qu’ils sont les témoins plus ou moins kitsch du temps qui passe et de l’enfance qui s’enfuit comme un Mig 28 dans les nuages. Top Gun, c’est Le grand bleu sans dauphin. Pour toutes ces raisons, merci Tony Scott.
Telerama