CHIEN 51

De Cédric Jimenez
Réalisation : Cédric Jimenez
Avec : Gilles Lellouche, Adèle Exarchopoulos, Xavier Dolan, Louis Garrel

Durée : 1h 46min
Genre : Policier, Thriller
Pays : FR

Avertissement : Avertissement Jeune Public

Synopsis
Dans un futur proche, Paris a été divisé en 3 zones qui séparent les classes sociales et où l’intelligence artificielle ALMA a révolutionné le travail de la police. Jusqu’à ce que son inventeur soit assassiné et que Salia et Zem, deux policiers que tout oppose, soient forcés à collaborer pour mener l’enquête.?

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Minority Report, de Steven Spielberg, Les Fils de l’homme, d’Alfonso Cuarón, Strange Days, de Kathryn Bigelow, autant de grands films dont le synopsis commence par « Dans un futur proche… », auxquels le sixième long métrage de Cédric Jimenez sera comparé, et face auxquels il sera, à coup sûr, minoré. Or ce n’est pas parce que Chien 51 est français qu’il ne peut pas rivaliser avec ses illustres prédécesseurs. L’avenir totalitaire, la mainmise des Gafam sur nos vies et le talent d’un réalisateur pour scotcher le spectateur à son fauteuil ne sont pas, que l’on sache, la propriété de l’Amérique.

Adapté librement d’un roman de Laurent Gaudé (publié en 2022), le film montre le Paris de 2045 divisé en trois zones de classes sociales et où, désormais, une intelligence artificielle, Alma, œuvre en soutien, voire à la place, de la police. Quand son inventeur est assassiné en zone 1, Zem, le « chien » du titre, un flic de la zone 3, se retrouve « verrouillé » avec Salia, policière de la zone 2, et donc forcé à collaborer avec elle sur l’enquête. Leurs deux solitudes vont s’allier contre un ennemi qui les surprendra…

Dès la première séquence — une course-poursuite automobile qui pourrait renvoyer Tom Cruise et ses Mission : Impossible au rayon des antiquités —, Cédric Jimenez appuie sur l’accélérateur et ne le lâchera plus jusqu’à une fin d’un lyrisme assumé. Des check-points entre les trois zones où une vie peut basculer, faute de mise à jour d’un bracelet d’identification, des drones qui tirent à vue, un groupuscule anonyme qui se bat contre l’État sécuritaire et un tandem de héros qui, subitement, refusent d’obéir au système pour connaître la vérité… Le schéma est classique, mais la réalisation de Jimenez est virtuose, digérant les enseignements du jeu vidéo pour en faire un pur spectacle de cinéma, où l’humain surnage dans de remarquables effets visuels.

Au milieu de cet avenir noir et numérique, il y a deux corps bien réels, deux chairs décidément denses dans notre cinéma français : Gilles Lellouche en « chien » au charisme sentimental et qui n’est pas encore bon pour la casse, et Adèle Exarchopoulos, impressionnante en petit soldat au regard brun où naît la lumière de la désobéissance. On retrouve la fièvre de ses 20 ans devant ce thriller plein de sensations extrêmes, d’alertes sur notre futur programmé et de rébellion populaire.

Telerama / Guillemette Odicino