UN POETE

De Simon MESA SOTO
Réalisation : Simon MESA SOTO
Avec : Ubeimar Rios, Rebeca Andrade, Guillermo Cardona, Allison Correa, Margarita Soto, Humberto Restrepo

Durée : 2h 0min
Genre : Comédie dramatique
Pays : CO



Synopsis
Óscar Restrepo, poète en manque de reconnaissance, mène une existence solitaire marquée par les désillusions. Sa rencontre avec Yurlady, une adolescente d’un milieu populaire possédant un véritable talent d’écriture, va bouleverser le cours de sa vie. Il l’exhorte à se présenter à un concours national de poésie. Mais les choses ne se passent pas comme prévu…

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Oscar Restrepo est un poète raté. Divorcé, père d’une fille qui l’évite, professeur de philosophie sans emploi résidant encore chez sa mère et, par-dessus tout, alcoolique notoire, il a perdu le goût de vivre et encore plus d’écrire. Son manque d’inspiration et de réussite incombe surtout à un tenace idéalisme artistique que la réalité a malheureusement battu en brèche au fil des années. C’est la première qualité d’Un poète : son personnage principal auquel Ubeimar Ríos (un acteur non professionnel) prête à merveille sa carcasse fatiguée, sa démarche de pantin et son air de chien battu dépressif. Ni séduisant, ni vraiment intelligent (certains de ses choix s’avèreront stupides), Oscar n’a pas son pareil pour se prendre les pieds dans le tapis, y compris lorsqu’il est animé des meilleures intentions. Par exemple, celle d’abord de parrainer Yurlady, une lycéenne particulièrement douée et issue d’un milieu modeste ; ensuite, de la mettre sur le devant de la scène lors d’un concours et d’un programme télévisé volontiers vulgaire. L’adolescente n’en demandait pas autant, et on comprend que l’impérieuse énergie dont fait subitement preuve Oscar tient aussi d’une nécessité toute personnelle : enfin réussir sa vie (et ce faisant, retrouver l’estime de sa fille). La force nerveuse de l’un et l’innocence de l’autre buteront toutefois sur la cruauté des faits et le retour des vieux réflexes avinés. Sans le juger ni l’épargner, Simón Mesa Soto lui offre la générosité de son regard. Il dresse un portrait attachant de son personnage de mauvais bougre fatigué, pris certes dans les rets d’un scénario trop bien ficelé, mais qui lui octroie de vraies échappées comiques.

La seconde qualité du film réside ainsi dans le choix du cinéaste colombien de dédramatiser avec humour les rapports de force (artistes/bourgeois blancs vs peuple racisé) et la violence capitaliste (l’ensemble des problèmes sont ramenés, tôt ou tard, à des questions d’argent, tout s’achetant potentiellement, y compris le silence). Ce serait un peu le secret de la réussite du film : la comédie acerbe et le comique de situation sont préférés à la diatribe. Mesa Soto va même jusqu’à s’autoriser une réjouissante trivialité frontale, à l’image de la scène mémorable dans les WC, faisant fi de toute pudeur, où Oscar, bourré, compare sa façon d’uriner par à‑coups avec celle de son voisin. On rit devant Un poète, alors que rien pourtant ne devrait nous y inciter. Et quand un rayon de soleil vient enfin inonder le visage d’Oscar, on se prend même à être ému.

Critikat