DES PREUVES D’AMOUR

De Alice Douard
Réalisation : Alice Douard
Avec : Ella Rumpf, Monia Chokri,Noémie Lvovsky

Durée : 1h 37min
Genre : Comédie, Drame
Pays : FR



Synopsis
Céline attend l’arrivée de son premier enfant. Mais elle n’est pas enceinte. Dans trois mois, c’est Nadia, sa femme, qui donnera naissance à leur fille. Sous le regard de ses amis, de sa mère, et aux yeux de la loi, elle cherche sa place et sa légitimité.

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“Des preuves d’amour”, d’Alice Douard : une comédie douce-amère sur les défis d’un couple lesbien pour devenir parent

Deux femmes attendent un enfant, conçu grâce à un don de sperme. Une partition orchestrée avec soin, avec douceur aussi, sur leur parcours semé d’embûches. Et les bouleversements qui accompagnent la parentalité.

« C’est ma première fois avec deux femmes. «  Rien de scabreux dans cet aveu, seulement une explication à la maladresse du toubib, qui note les antécédents médicaux de sa patiente enceinte mais aussi ceux de son épouse, comme il le ferait, en somme, avec un père biologique. Inconscient de l’absurdité génétique de ses questions, le praticien, de bonne volonté, rassure le couple sur la largeur de ses idées : on voit de tout à l’hôpital, « même des alcooliques ». La scène, traitée sous un jour comique, donne une idée assez juste de ce que traversent Céline (Ella Rumpf) et Nadia (Monia Chokri) au moment d’accueillir leur enfant, porté par la seconde et conçu au Danemark grâce à un don de sperme.

Le scénario se situe dans un passé récent, après le mariage pour tous (2013) mais avant l’autorisation de la PMA pour toutes les femmes en France (2021), et à une époque où « l’autre mère » doit encore passer par l’adoption pour obtenir un statut légal. C’est une histoire de pionnières, donc, que signe Alice Douard, laquelle s’inspirait déjà de son expérience de la maternité dans L’Attente, César du meilleur court métrage en 2024. À trois mois de la naissance du bébé, Céline, son double, entame un parcours pour trouver sa place — aux yeux du monde et aux siens. Une consultation chez l’avocate suffit à prendre en charge l’aspect didactique de l’affaire, vite balayé par une quête à forte résonance intime : la jeune ingénieure du son doit recueillir quinze témoignages écrits sur son désir d’enfant et sa capacité à s’en occuper.

Les copains, hétéros et gays, avec ou sans rejetons, sont mis à contribution, et le long métrage souligne leur ignorance parfois criante des droits des femmes — « J’ai rien suivi », reconnaît une amie, avant de raconter, avec force détails, son propre accouchement et les « outils de jardinage » de l’interne. Des preuves d’amour approfondit les enjeux, et intensifie l’émotion, avec la mère de l’héroïne. Pianiste célèbre, Marguerite (Noémie Lvovsky) n’a elle-même pas été un modèle très présent. Alors que Céline la tient à la périphérie de sa vie, cette relation se pose, de manière assez prévisible, au cœur d’une partition orchestrée avec soin (excellentes actrices, belle photo, musique itou). Avec douceur, aussi, et l’envie patente de donner une portée universelle à ce film, utile mais sage, sur les bouleversements qui accompagnent la parentalité. Quelle qu’elle soit.

Telerama