ANHELL69

De MONTOYA Théo
Réalisation : MONTOYA Théo

Durée : 1h 14min
Genre : Documentaire
Pays : FR, RO, DE, CO

Avertissement : Avertissement Jeune Public

Synopsis
Un corbillard sillonne les rues de Medellin, tandis qu'un jeune réalisateur raconte son histoire dans cette ville marquée par les conflits, la violence et les paradoxes. Il se souvient de son enfance, de sa rencontre avec le cinéma d'auteur de son pays et de la découverte de sa sexualité. Il tente ensuite de réaliser son premier film, une fiction sur une secte de fantômes. Le casting se fait au sein de la jeunesse queer de Medellin, mais l’acteur principal meurt d’une overdose, à l’âge de 21 ans. Alors que le réalisateur voit disparaître d’autres amis, ANHELL69 explore les craintes, les doutes et les rêves d'une génération anéantie, et la lutte pour continuer à faire du cinéma.

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Anhell69 est probablement une œuvre née d’une souffrance réelle inimaginable. Dans ce long-métrage hybride, présenté dans le cadre de la Semaine de la critique à la Mostra de Venise, le réalisateur Theo Montoya tente d’expliquer aux spectateurs à quel point il est difficile d’être jeune et homosexuel à Medellín. Cette ville, l’une des plus grandes, mais également l’un des endroits les plus dangereux et les plus conservateurs, est tristement célèbre pour avoir abrité le cartel de Pablo Escobar. « Je n’ai pas décidé de naître. On ne m’a jamais demandé mon avis. J’ai été propulsé dans le monde, » déclare Montoya en ouverture du film. Nous voyons ensuite un corbillard sillonner les rues de Medellín. Cette scène est une métaphore importante qui souligne, peut-être de manière un peu trop évidente, comment les membres de cette communauté vivent, malgré eux, en marge de la société. Victimes de violence, de discrimination et d’aliénation, ils sont bien trop souvent contraints d’enterrer leurs compagnons d’infortune.

Montoya se souvient du travail de préproduction effectué sur son premier film, un film de série B dont l’action se déroule dans un univers dystopique où Pablo Escobar est devenu « le père d’une nation sans référence paternelle. » Dans cette autre version de la ville, encore plus marquée par la violence que ne l’est la véritable Medellín, il n’y a pas assez de place pour enterrer les défunts dans les cimetières. Des fantômes commencent donc progressivement à cohabiter avec les vivants, la « spectrophilie » devenant une pratique sexuelle courante, surtout chez les jeunes.

 

 

Nous assistons ensuite, à travers des entretiens filmés, à la recherche par le réalisateur de son acteur principal. L’un des jeunes acteurs en particulier attire son attention. Camilo Najar, 21 ans, va devenir le grand amour de Montoya, mais il connaîtra un destin tragique comme bon nombre des amis du réalisateur.

« À Medellín, vous ne pouvez pas voir l’horizon, » déclare à juste titre Montoya. Encerclée par les montagnes, plongée dans la pénombre, ravagée par la montée en flèche de la criminalité et des manifestations de violence, la ville colombienne est souvent dépeinte à travers des prises de vue aériennes incroyables, qui lui donne l’air d’une Gotham city contemporaine et réelle.

Pourtant, tout n’est pas noir dans le premier film de Montoya. Il y a un grand amour pour le cinéma (car c’était « le seul espace où il pouvait pleurer »), beaucoup de compassion et d’affection envers les êtres chers, et même si le ton de sa voix suggère clairement la résignation et la tristesse, le réalisateur parvient à livrer une scène finale qui laisse entrevoir une lueur d’espoir. Montoya articule cette scène autour de l’idée de communauté et de solidarité, sans tomber dans des figures rhétoriques. C’est une petite lueur d’espoir pour une nouvelle génération anéantie, souvent des orphelins ou des enfants élevés par une mère célibataire, veuve et fréquemment en difficulté. Avec un rythme irrégulier, et d’une certaine manière, mystérieux et très original, Montoya présente parfois son travail comme un film « trans ». C’est peut-être la manière appropriée de décrire la nature hybride du film, qui mêle fiction et documentaire, réalité et imagination.

Cineuropa