EMILIA PEREZ

De AUDIARD Jacques
Coup de Cœur AFCAE
Caméo
Réalisation : AUDIARD Jacques
Avec : Karla Sofía Gascón

Durée : 2h 22min
Genre : Comédie, Comédie musicale, Musical
Pays : FR, MX, US

Avertissement : Avertissement Jeune Public

Synopsis
Une fugitive échappe à la loi en changeant de sexe. Dix ans plus tard, ses enfants lui manquent énormément et elle retourne auprès d'eux en se faisant passer pour leur tante.
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Manitas n’est pas qu’un narco trafiquant. Elle est une femme enfermée dans un corps d’homme. Quand elle éprouve le profond désir de changer, elle ne pense pas qu’à une reconversion professionnelle et va opérer une transformation radicale de sa vie : elle s’appelle Emilia.

Avec d’un côté la violence des cartels mexicaines et de l’autre la complexité éprouvante de la transition de genre, Jacques Audiard aborde le thème de la parentalité, la question de la masculinité et de la transmission de la violence.

Jacques Audiard a pris le parti d’une mise en scène en forme de comédie musicale féministe et trans sur fond de trafic de drogue, dans laquelle musiques pop et latino se mélangent, où le chant et la danse se chahutent, liant les scènes entre elles avec ce qu’il faut de grâce et d’audace. Un long travail de préparation a été indispensable :

« D’habitude, les répétitions sont toujours un peu un luxe à imposer, mais là, du fait de la chorégraphie, du chant et de la comédie, c’était une nécessité. Damien Jalet créait les chorégraphies et les répétait. Clément Ducol et Camille écrivaient les musiques, les paroles, enregistraient les maquettes, puis les portaient aux comédiennes… »

Et quelles comédiennes ! Selena Gomez, Karla Sofía Gascón, Zoe Saldaña et Adriana Paz qui ont reçu collectivement le Prix d’interprétation féminine au festival de Cannes 2024 tandis que Jacques Audiard recevait le Prix du Jury.

 

Emilia Perez

Karla Sofía Gascón interprète les rôles de Manitas/Emilia. Elle a marqué les esprits en devenant la première actrice trans à recevoir un prix au festival de Canne :

« Tout d’abord, je crois qu’avant d’être une figure des communautés trans ou LGBTQI+, je me vois surtout comme quelqu’un qui s’est battu pour aller au bout de ses rêves….

Pour ce qui est des personnes trans, j’aimerais qu’on ne se débarrasse pas de nous en nous rangeant dans une catégorie, qu’on arrête de nous enfermer, que les moqueries, les insultes et la haine cessent. Moi, j’ai eu de la chance en quelque sorte : grâce à mon épouse et à ma famille, j’ai pu vivre ma transition tout en poursuivant ma vie.

Emilia Pérez, c’est un peu comme si la Belle et la Bête étaient enfermées dans un même corps. Au début du film, elle est Manitas, une femme prisonnière d’une vie qui n’est pas la sienne mais qui, à un moment de son existence, à l’opportunité de laisser derrière elle cette vie dont elle ne veut plus. Manitas a grandi dans un monde où les parents préfèrent que leurs fils soient des délinquants plutôt que des « pédés ». Cela le piège à deux titres : dans la délinquance, et dans une masculinité qui n’est pas lui. »

Selena Gomez qui joue le rôle de Jessi l’épouse de Manitas évoque son rôle :

« Elle vit tout de manière extrêmement intense, et c’est quelque chose à quoi je peux m’identifier. Dans la passion ou la colère, elle a été fascinante à jouer car il n’y a pas un instant dans le film où elle soit stable. »

Quant à Zoe Saldaña, concernant Rita, elle explique : « Emilia Pérez est un film sur des gens qui, emprisonnés dans des situations impossibles, conçoivent pour en sortir des solutions impossibles… Rita est une immigrée comme on en voit peu, et elle a un profond désir d’autre chose. Même si la possibilité de changement se présente sous la forme du danger, et que son cerveau lui crie que c’est une mauvaise idée, son cœur le désire ardemment.

J’ai adoré pouvoir regarder trois maîtres au travail : Jacques comme scénariste et réalisateur, et Camille et Clément comme musiciens… Mais je n’avais jamais passé autant de temps au contact de musiciens et de compositeurs, et ils m’ont impressionnée chaque jour. »

Quant à Zoe Saldaña, concernant Rita, elle explique : « Emilia Pérez est un film sur des gens qui, emprisonnés dans des situations impossibles, conçoivent pour en sortir des solutions impossibles… Rita est une immigrée comme on en voit peu, et elle a un profond désir d’autre chose. Même si la possibilité de changement se présente sous la forme du danger, et que son cerveau lui crie que c’est une mauvaise idée, son cœur le désire ardemment.

J’ai adoré pouvoir regarder trois maîtres au travail : Jacques comme scénariste et réalisateur, et Camille et Clément comme musiciens… Mais je n’avais jamais passé autant de temps au contact de musiciens et de compositeurs, et ils m’ont impressionnée chaque jour. »

Damien Jalet, le chorégraphe, ajoute : « Jusque-là, mon travail de chorégraphe au cinéma s’était concentré sur des scènes de danse pour lesquelles il n’y avait pas de texte. Mais dans Emilia Pérez, musique, scénario et chorégraphie fonctionnent conjointement pour raconter l’histoire. Les mouvements des corps ne miment pas les dialogues, ne les illustrent pas littéralement, et il fallait donc trouver un langage parallèle qui ait une vraie fonction, qui donne aux scènes une sorte d’urgence et d’intensité.

Il fallait faire du sur-mesure, en prenant à chaque fois en compte la personne que l’on avait en face de nous. Avec Karla Sofía, les tentatives de formaliser quelque chose au niveau de la danse entravait sa relation au jeu. Nous nous en sommes donc tenus à quelque chose de minimaliste qui colle en fait très bien à Emilia Pérez. Elle est le personnage titulaire du film, et une sorte de pilier. À l’inverse, Zoe Saldaña est une danseuse. Elle pense comme une danseuse, elle a la technique… J’ai tout de suite dit à Jacques qu’elle était capable de choses formidables, et cela m’a permis de créer une forme de ciment entre les acteurs et les danseurs. Avec Selena Gomez, ça s’est tout de suite très bien passé car elle est très réceptive. Elle m’a dit d’entrée qu’elle préférait apprendre la chorégraphie et elle a en effet été très appliquée pour étudier chaque geste, chaque angle… »

chorégraphie et elle a en effet été très appliquée pour étudier chaque geste, chaque angle… »

 

Emilia Perez

Jacques Audiard de conclure en revenant sur le thème de son film : « C’est au fond, une histoire de rachat : est-ce que le fait de changer de genre peut faire percevoir différemment la violence des hommes ? Fondamentalement, je ne pense pas. Que le personnage d’Emilia se joue ce scénario avec conviction, soit, mais la violence la rattrape quand même. C’est le chemin qui la conduit à sortir de ce cercle de violence qui est en lui-même vertueux. A l’arrivée, qu’on y laisse sa peau ou qu’on y survive, on a appris quelque chose. »

France Inter