L’HOMME QUI RETRECIT
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Rarement un titre n’aura aussi bien résumé une œuvre. « L’Homme qui rétrécit » est donc l’histoire d’un individu… qui rapetisse… Si ce procédé narratif est loin d’être nouveau, le roman de Richard Matheson sur lequel s’appuie le film ayant déjà connu les honneurs d’une adaptation par Jack Arnold en 1957, c’est certainement le saga « Chérie, j’ai rétréci les gosses« , initiée par Joe Johnston en 1989 qui l’a popularisé, au point de devenir une attraction dans les parcs Disneyland. Mais ici, nous ne sommes pas dans le conte familial, mais plus dans le récit initiatique et la quête métaphysique. Pour le synthétiser par le prisme de la filmographie de Jean Dujardin, c’est comme si le postulat d’ »Un Homme à la hauteur » rencontrait les pensées philosophiques et la voix-off de « Sur les chemins noirs« . En résulte un métrage atypique, aussi envoûtant qu’agaçant.
Le comédien incarne Paul, un homme à qui tout réussit. Son entreprise de chantier naval est prospère. Sa maison au bord de l’océan en ferait rêver plus d’un. Sa vie de famille est au beau fixe, entre une adorable fille et une épouse aimante. Toutefois, un jour, ses chemises semblent trop grandes pour lui. Probablement un coup de la machine à laver. Le lendemain, rebelote, mais l’écart semble encore plus marqué. Consultation médicale. Verdict : Paul rétrécit, et la science ne sait pas l’expliquer. Chaque nuit passée implique un réveil avec quelques centimètres en moins, au point de ne plus mesurer que la taille d’une figurine. C’est certes cocasse, mais Jan Kounen décide d’emmener son intrigue dans d’autres contrées, plus sombres, plus symboliques, plus violentes.
Visuellement, le résultat est indéniablement réussi, la caméra du réalisateur de « 99 francs » et « Blueberry » parvenant à nous faire croire à l’impossible. Surtout le cinéaste ose un rythme à compte-rebours de la SF de l’époque, quasi méditatif et assurément maîtrisé, jusqu’à transformer l’ensemble en un projet presque muet, où seuls les émois intérieurs du protagoniste trouveront un écho par des commentaires extradiégétiques. Si les intentions sont louables, le film souffre d’un scénario où le spectateur doit accepter beaucoup de choses pour plonger pleinement dans ce voyage surnaturel où l’on questionne frontalement l’humain, l’absurdité de l’existence ou la notion de résilience. Chaque action d’un personnage secondaire apparaît comme complètement dénuée de sens, comme si on devait refuser toute forme de cartésianisme, y compris dans le réel. C’est probablement trop demander au public. Mais l’expérience demeure un vrai acte cinéphile qu’il serait bien dommage de ne pas découvrir le film en salles.
Abus de Ciné

