LES AMANTS PASSAGERS
Les séances
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A la fin du Labyrinthe des passions (1982), le deuxième film de Pedro Almodóvar, un garçon très gay et une jeune nymphomane, Sexilia, quittaient Madrid en avion. Aujourd’hui, on monte à bord. Bienvenue sur le vol Madrid-Mexico, où les stewards, obsédés par l’alcool, la drogue et les hommes, font régner une ambiance de cabaret. Celle qui fut l’interprète de Sexilia, Cecilia Roth, est assise en première classe. Elle joue une ex-vedette de la chanson, reconvertie en dominatrice et femme d’affaires. À ses côtés, d’autres personnages de roman-photo de deuxième classe : un séducteur, un tueur, un couple qui s’accouple…
Après de longues années qui ont vu naître de grands films (Tout sur ma mère, avec une Cecilia Roth bien différente, Parle avec elle, Volver), Almodóvar sonne la récré. À l’image de son commandant de bord, qui renonce à rejoindre Mexico et ne met le cap sur rien, le réalisateur ne vise pas le chef-d’œuvre. Ici, tout est mineur. Sauf l’humour olé-olé, plutôt très osé. Et l’appétit des sens, célébré comme une pulsion de vie nécessaire. Un remède à l’angoisse des catastrophes aériennes, ou terrestres, avec les turbulences de la crise qui secouait alors l’Espagne. Ce vol planant devient dès lors une parenthèse possible, enchantée comme une comédie musicale, aussi fantaisiste, parfois, qu’un dessin animé. Un moment irréel qu’il faut préférer à l’irréalité de la vraie vie, symbolisée par cet immense aéroport vide de Ciudad Real (la ville où naquit Almodóvar), construit pour un avenir radieux demeuré virtuel… En voulant nous faire tourner la tête, ce film en forme de clin d’œil effronté donne finalement à réfléchir. Comme un salut à un passé aussi léger qu’une bulle de champagne, qui a laissé un goût de mélancolie.
Telerama