LES AMANTS PASSAGERS

De Pedro Almodóvar
Réalisation : Pedro Almodóvar
Avec : Javier Cámara, Carlos Areces, Raúl Arévalo

Durée : 1h 31min
Genre : Comédie
Pays : ES



Synopsis
Des personnages hauts en couleurs pensent vivre leurs dernières heures à bord d’un avion à destination de Mexico. Une panne technique (une sorte de négligence justifiée, même si cela semble contradictoire ; mais, après tout, les actes humains le sont) met en danger la vie des personnes qui voyagent sur le vol 2549 de la compagnie Península. Les pilotes s'efforcent de trouver une solution avec le personnel de la tour de contrôle. Le chef de la cabine et les stewards sont des personnages atypiques et baroques, qui, face au danger, tentent d'oublier leur propre désarroi et se donnent corps et âme pour que le voyage soit le plus agréable possible aux passagers, en attendant que la solution au problème soit trouvée. La vie dans les nuages est aussi compliquée que sur terre, pour les mêmes raisons, qui se résument à deux mots : "sexe" et "mort". Les passagers de la Classe Affaire sont : un couple de jeunes mariés, issus d'une cité, lessivés par la fête du mariage ; un financier escroc, dénué de scrupules, affligé après avoir été abandonné par sa fille ; un don juan invétéré qui a mauvaise conscience et qui essaie de dire au revoir à l'une de ses maîtresses ; une voyante provinciale ; une reine de la presse du cœur et un Mexicain qui détient un grand secret. Chacun d'eux a un projet de travail ou de fuite à Mexico. Ils ont tous un secret, pas seulement le Mexicain. La vulnérabilité face au danger provoque une catharsis générale, aussi bien chez les passagers qu'au sein de l'équipage. Cette catharsis devient le meilleur moyen d’échapper à l’idée de la mort. Sur fond de comédie débridée et morale, tous ces personnages passent le temps en faisant des aveux sensationnels qui les aident à oublier l’angoisse du moment.

Réservation : pour acheter votre place à l’avance, cliquez sur l’horaire de la séance

[tableau_seances_combine]

A la fin du Labyrinthe des passions (1982), le deuxième film de Pedro Almodóvar, un garçon très gay et une jeune nymphomane, Sexilia, quittaient Madrid en avion. Aujourd’hui, on monte à bord. Bienvenue sur le vol Madrid-Mexico, où les stewards, obsédés par l’alcool, la drogue et les hommes, font régner une ambiance de cabaret. Celle qui fut l’interprète de Sexilia, Cecilia Roth, est assise en première classe. Elle joue une ex-vedette de la chanson, reconvertie en dominatrice et femme d’affaires. À ses côtés, d’autres personnages de roman-photo de deuxième classe : un séducteur, un tueur, un couple qui s’accouple…

Après de longues années qui ont vu naître de grands films (Tout sur ma mère, avec une Cecilia Roth bien différente, Parle avec elle, Volver), Almodóvar sonne la récré. À l’image de son commandant de bord, qui renonce à rejoindre Mexico et ne met le cap sur rien, le réalisateur ne vise pas le chef-d’œuvre. Ici, tout est mineur. Sauf l’humour olé-olé, plutôt très osé. Et l’appétit des sens, célébré comme une pulsion de vie nécessaire. Un remède à l’angoisse des catastrophes aériennes, ou terrestres, avec les turbulences de la crise qui secouait alors l’Espagne. Ce vol planant devient dès lors une parenthèse possible, enchantée comme une comédie musicale, aussi fantaisiste, parfois, qu’un dessin animé. Un moment irréel qu’il faut préférer à l’irréalité de la vraie vie, symbolisée par cet immense aéroport vide de Ciudad Real (la ville où naquit Almodóvar), construit pour un avenir radieux demeuré virtuel… En voulant nous faire tourner la tête, ce film en forme de clin d’œil effronté donne finalement à réfléchir. Comme un salut à un passé aussi léger qu’une bulle de champagne, qui a laissé un goût de mélancolie.

Telerama