LIRE LOLITA A TEHERAN
Réservation : pour acheter votre place à l’avance, cliquez sur l’horaire de la séance
« Lire Lolita à Téhéran » : Golshifteh Farahani incarne avec intensité la résistance d’une enseignante iranienne
/2025/03/13/rlit080-img-5560-nr-59f915ad-3842-4459-ad8a-860a8b426b9e-67d302cc01884373147455.jpg)
Adaptation du livre autobiographique éponyme d’Azar Nafisi, paru en France aux éditions Plon en 2004, le nouveau film du réalisateur israélien Eran Riklis raconte le destin de cette professeure de littérature iranienne qui tente de résister de l’intérieur au pouvoir du régime islamique. Servi par la comédienne iranienne Golshifteh Farahani, Lire Lolita à Téhéran sort dans les salles mercredi 26 mars.
1979, après avoir étudié aux États-Unis, Azar Nafisi rentre en Iran pour prendre un poste d’enseignante en littérature au département d’anglais de l’université de Téhéran. Rapidement, entre les murs de l’université, et partout dans la société, l’atmosphère se tend sous la menace des sbires du régime islamique. Pour Azar, la liberté dans son enseignement se rétrécit peu à peu sous la pression de certains étudiants, et de la police du régime.
Plusieurs de ses élèves sont arrêtées et torturées après une manifestation devant l’université. Elle décide alors de poursuivre son enseignement en secret, avec une poignée d’étudiantes, qu’elle réunit chaque semaine chez elle, pour faire des lectures des grands classiques de la littérature occidentale, comme le célèbre roman de Nabokov, Lolita ou Gatsby le Magnifique.
Figures de la résistance iranienne
En s’emparant de la vie d’Azar Nafisi, le réalisateur de La Fiancée syrienne et de Mon fils raconte un pan de l’histoire iranienne post-révolutionnaire. À travers le regard de cette professeure, une femme éduquée, intelligente et courageuse, il dénonce les dérives d’un pouvoir religieux qui pèse sur la liberté d’enseigner, voire d’accéder à la culture au sens large.
Azar essaie de résister de l’intérieur et trouve joie et réconfort auprès de ses étudiantes, qui prennent des risques pour se réunir avec elle autour de la littérature. Ces réunions sont aussi l’occasion pour ces femmes d’exprimer leurs peurs, leurs désirs, leur sentiment d’impuissance, mais aussi de partager la joie. Cette communion dans la littérature et dans les mots ne suffira pas. Dans un contexte de plus en plus étouffant, Azar finit comme d’autres par faire le choix, à regret, de quitter son pays avec sa famille.
Même si le film raconte les années qui ont suivi la révolution en Iran, à partir de 1979, le film fait écho à l’actualité plus récente de l’Iran, et notamment au mouvement de révolte porté par les femmes iraniennes. Le 16 septembre 2022, la mort de Mahsa Amini avait déclenché une vague de protestations pour défendre les droits des femmes en Iran.
Avec une caméra accrochée à son personnage principal, le film part de l’intime pour dire cette oppression à l’œuvre dans toutes les couches de la société. Malgré une réalisation un peu ronronnante, Lire Lolita à Téhéran, porté par la grâce et l’engagement de l’actrice iranienne Golshifteh Farahani, et par le casting brillant des femmes qui l’entourent, est un hymne à la puissance libératrice et salvatrice de la littérature, et des mots.
France Info Culture