SAUVAGES
Réservation : pour acheter votre place à l’avance, cliquez sur l’horaire de la séance
Sauvages raconte, en stop motion une nouvelle fois (cette minutieuse technique d’animation de marionnettes, image par image), l’histoire de Kéria, préado vivant seule avec son père en bordure de la forêt tropicale à Bornéo, qui se retrouve contrainte de partager sa chambre avec son petit cousin, Selaï, venu se réfugier chez elle pour échapper à la destruction de la forêt due à son exploitation.
Nelly Tungang explique que Kéria, le personnage principal, « a grandi en ville, ne parle pas penan. On ne lui a pas appris sa langue à cause de la discrimination et du racisme qu’elle aurait pu subir. Et c’est aussi une réalité aujourd’hui : de nombreuses personnes du peuple penan sont contraintes de s’assimiler à la culture malaise, et doivent abandonner leur culture ancestrale, à contrecœur ».
« Ce que Claude Barras raconte dans son film, je l’ai vécu, poursuit Komeok Joe, qui est aussi militant des droits humains et de l’environnement du Bornéo. J’ai grandi dans la forêt. Je suivais mes parents chasser et pêcher. Nous vivions heureux et nous rêvions de belles choses. Quand j’ai eu 20 ans, les problèmes ont commencé. Les compagnies forestières sont arrivées, ne nous ont rien dit, et quand nous sommes allés chasser dans la forêt, nous y avons découvert des traces des bulldozers. Les animaux sauvages avaient disparu, et les poissons étaient morts dans les rivières. »
Le réalisateur, Claude Barras, que nous avions suivi en Suisse sur le tournage du film, espère avec son film sensibiliser les nouvelles générations au fléau de l’exploitation de l’huile de palme. « Que les spectateurs auront envie d’en savoir plus après avoir vu le film, et qu’ils auront envie de participer aux actions proposées par les associations pour protéger la forêt et ce peuple : la création de parcs, de réserve pour les orangs-outangs, et aussi enclencher une réflexion sur leur consommation. L’huile de palme est largement consommée en Occident, et même si certains labels de certification promettent une culture éthique, ça ne marche pas du tout. C’est l’industrie elle-même qui crée des labels, non contraignants et autorégulés », martèle Claude Barras, qui espère également que le film pourra être montré au peuple penan, même s’il existe un risque qu’il soit interdit en Malaisie.
Baptiste Laville, du Bruno Manser Fonds, du nom de l’activiste écologiste Bruno Manser, suisse comme le réalisateur, disparu mystérieusement en Malaisie en 2000 et déclaré mort cinq ans plus tard, rappelle que chaque année, deux millions d’hectares de forêts disparaissent. « Le film Sauvages s’intègre dans un contexte très important, et il est urgent de prendre des décisions. Et de rappeler que le dérèglement climatique et les fortes chaleurs subies ces dernières années sont notamment dues… à la déforestation. »
Telerama