THE NEON PEOPLE
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Las Vegas, ses énormes hôtels-casinos, ses néons clinquants, son agitation permanente qui nous semblent si familiers grâce au cinéma et aux séries. Mais qui sait que dans les entrailles de la « cité du péché » vivent des centaines de sans-abri ? C’est ce que montre l’historien et critique de cinéma Jean-Baptiste Thoret dans ce documentaire (présenté en septembre dernier au Festival de Deauville) qui donne la parole à quelques-uns de ces invisibles survivant dans le gigantesque réseau de tunnels d’évacuation des eaux de pluie de 800 kilomètres de long.
Contraste entre la misère et la frénésie de la ville
Certains mendient, d’autres travaillent, et beaucoup de ceux qui se racontent ici souffrent d’addictions, à l’alcool et à diverses drogues. Avec des tentures, des panneaux et des meubles ramassés çà et là dans les bennes à ordures, ils se bricolent un habitat de fortune, qu’ils peuvent perdre à tout instant car l’accès à ces tunnels est interdit et passible d’une amende qu’ils ne pourront pas payer, ou risquent d’être évacués par des agents de la ville parce que l’eau envahit le réseau. La plupart disent que vivre là, cachés dans les profondeurs dans des conditions insalubres, n’est qu’une solution temporaire, tout en avouant prononcer ces mots depuis dix ans, voire plus…
Etonnamment, certains de ces SDF ont gardé des liens avec leurs proches. Difficile de ne pas être ému devant cette grand-mère, Brandi, qui retrouve sa fille et sa petite-fille au-dehors. Le contraste entre la misère et la frénésie de la ville, sa foule indifférente, ses grosses voitures et leurs conducteurs sollicités par les mendiants est montré sans commentaire inutile, les images et les propos recueillis se suffisant à eux-mêmes. Ces « gens du néon » s’efforcent de garder leur dignité dans leur galère, que ce film restitue sobrement.
Nouvel Obs